Monday, February 15, 2010

Ah l'amour!

Comme promis, voilà la chronique tant attendue sur la littérature érotique. Évidemment, il suffirait que j'agrandisse la taille de la police du mot
SEXE (imaginez ça en 72, ou en 104...)

Pour que mon audience s'accroisse considérablement mais ce serait vraiment m'attirer les foudres de mon chef de pupitre...
Contrairement à l'adage qui veuille que plus on en parle, moins on le fait, certains auteurs
n'hésitent pas à nous émoustiller corps et cervelle. Quelques propositions :
Si l'on revient aux bons vieux classiques, le Marquis de Sade et son Justine ou les infortunes de la vertu est un incontournable qui voit la subversion le disputer à l'infamie. Sade écrivait à un ami à propos de cette Justine : "J’avais besoin d’argent, mon éditeur me le demandait bien poivré, et je lui ai fait capable d’empester le diable. On l’appelle Justine ou les Malheurs de la vertu. Brûlez-le et ne le lisez point s’il tombe entre vos mains".
De quoi aiguiser notre curiosité… De même que les correspondances des très sérieux Stendhal et Flaubert. Dans le journal du premier, on peut lire : "Je l'aime depuis que je la considère comme foutable". Du second, évoquant Venise :"Aucune fouterie". Le même, évoquant Naples : "J'ai passablement baisé à Naples".
Et après on nous rabâche que la lecture des classiques est ennuyeuse…
Pierre Louys et son Trois filles de leur mère n'est pas en reste, de même que Georges Bataille ou encore André Pieyre de Mandiargues, auteur de Récits érotiques et fantastiques, paru chez Gallimard l'année dernière.
Les Onze mille verges d'Apollinaire est quant à lui, un grand livre pornographique et politique rempli de grivoiseries et d'obscénités et qui dresse un tableau saisissant de l'état du monde au début du XXe siècle (L'obscénité de la politique est bien connue de la sagesse populaire…)
On ne peut qu'encourager la lecure de Myra Breckinridge et Myron de Gore Vidal, roman tout dressé contre la décence et la politesse, dans lequel on peut lire cette réplique légendaire : " Myra Breckinridge est une nana canon, ne l'oubliez jamais fils de putes, comme les enfants le disent de nos jours".
Tout amateur de littérature érotique qui se respecte ne peut passer à côté de la Vénus erotica d'Anaïs Nin, qui aurait écrit ces récits sur demande d'un mystérieux bienfaiteur.
De même pour Histoire d'O de Dominique Aury, livre ô combien sulfureux quand il parut dans la France des années 50…
Si on lorgne du côté de la relève, Le Boucher d'Alina Reyes est un régal :"La chair du boeuf devant moi était bien la même que celle du ruminant dans son pré, sauf que le sang l'avait quittée. Et le boucher qui me parlait de sexe toute la journée était fait de la même chair".
La vie sexuelle de Catherine M nous expose quant à elle avec un souci chirurgical et un amour consommé du scandale les nombreuses expériences sexuelles de Catherine Millet, directrice de la revue Art Press et critique d'art reconnue.
On entend aussi beaucoup parler de Curt Léviant, écrivain américain, qui fit paraître dans l'Amérique des années Clinton-Lewinsky un Journal d'une femme adultère aphrodisiaque et provocant.
Du côté québécois, Les aventures de Minette Accentievitch de Vladan Matijevic, paru en 2007 chez les Allusifs valent le détour en nous offrant le portrait d'une héroïne charnelle, sans-cœur et sans-culottes.
"On est puceau de l'Horreur quand on l'est de la volupté" disait le docteur Céline…